Le cimetière de la MDR

Avant la Révolution Albigny comptait trois cimetières. Les premiers connus étaient établis près des chapelles Notre-Dame et Saint-Jacques ; on enterrait également à l’intérieur de ces dernières.

Le 3 mai 1761, un nouveau cimetière est béni près de l’église du château, alors église paroissiale Saint Blaise. Les enterrements se multiplient dans ce nouveau cimetière, mais les inhumations vont continuer dans les chapelles Notre-Dame et surtout Saint-Jacques jusqu’en 1792, c’est à dire jusqu’à ce qu’elles soient vendues comme biens nationaux.

Peu à peu, la population augmente. De 51 feux évalués en 1720, Albigny compte 300 habitants en 1790 et en comptera 400 en 1831. On procède à une extension du cimetière communal en 1834.

Dès l’annonce de l’installation prochaine du Dépôt de Mendicité (ancêtre de la MDR, Maison Départementale de Retraite), le Conseil Municipal reconnaît le 14 novembre 1858 que le cimetière ne suffira plus. Il décide donc d’en établir un nouveau au territoire des Traverses choisi à cause de son emplacement le plus convenable, loin des maisons.

Le nouveau cimetière communal est donc établi à son emplacement actuel. Il accueille les habitants d’Albigny et les pensionnaires du Dépôt de Mendicité. Cependant, à cause du nombre important de décès au Dépôt de mendicité, ce cimetière est vite trouvé trop petit. Aussi le 10 mai 1863, le conseil juge qu’un agrandissement est indispensable mais que celui-ci devra être supporté par le Département, seul responsable de cette situation créée par le Dépôt de Mendicité. Un terrain adjacent est donc acheté, et la Commission de Surveillance du Dépôt de Mendicité donne son accord pour financer l’agrandissement du cimetière communal le 5 octobre 1863.

Le Dépôt de mendicité reçoit de plus en plus de pensionnaires : de 388 en 1861, ils passeront à 562 en 1881. Vu le nombre croissant de décès dans cet établissement, une délibération du Conseil Municipal du 16 mai 1880 met en évidence l’obligation d’inhumer tous les 5 ans à la même place ; détail macabre, on précise que dans ces conditions, il arrive que les cadavres ne sont pas encore décomposés ! Un nouvel agrandissement est demandé, bien entendu toujours à la charge du département, la partie réservée à la commune étant jugée suffisante.

Mais la Commission de Surveillance du Dépôt de Mendicité ne se montre sans doute pas d’accord sur le principe et surtout, sur le fait d’avoir à supporter les frais de cet agrandissement. Aussi le Conseil Municipal délibère-t-il à nouveau sur le sujet le 29 décembre 1880. Il rappelle que « l’agrandissement du cimetière  est nécessité non par les besoins de la commune mais par ceux du Dépôt de Mendicité » et « qu’il ne peut accepter d’entrer dans aucun frais que nécessite l’agrandissement du cimetière, soit pour l’acquisition du terrain, soit pour la construction des murs ». Voulant sans doute régler définitivement ce problème, le Conseil suggère au Préfet que le Dépôt pourrait très bien établir son propre cimetière sur un terrain propice lui appartenant « qui serait à proximité de moitié que le cimetière actuel ».

La Commission de Surveillance du Dépôt reprend donc à son compte ce dernier argument, d’autant plus qu’elle refuse, dans sa séance du 7 mars 1881, de supporter l’agrandissement du cimetière communal. Elle précise d’autre part que ce cimetière est constitué d’une « terre végétale grasse, qui conserve le corps au lieu de faciliter sa décomposition. »

Le projet de création d’un cimetière destiné exclusivement au Dépôt prend corps. Le 20 avril 1881, la Commission accepte les plans de l’architecte du Département, M. Louvier, et le devis qui s’élève à 8880,13F. Le23 mai, le Président de la Commission fait part de l’avis favorable de M. le Préfet. On ajoute donc au dossier le cahier des charges qui est présenté à la Commission le 30 janvier 1882. Cette dernière donne un avis favorable et « manifeste le désir de voir exécuter les travaux dans un bref délai (Archives MDR). »

C’est donc en 1882 que le Dépôt de Mendicité crée son propre cimetière sur l’emplacement actuel. Cette date est confirmée par le montant du devis porté le 24 juin 1882 sur son budget supplémentaire de 1882 et par une délibération ultérieure du Conseil Municipal du 18 novembre 1894 qui précisera que le dépôt n’enterre plus dans le cimetière communal depuis 1882 (Signalons qu’alors, le transport des corps des pensionnaires décédés se faisait par porteurs et non par corbillard).

Le problème déjà évoqué de la décomposition des corps se trouve à nouveau posé en 1935 dans le cimetière de la Maison de Retraite (ex Dépôt de Mendicité). En effet, le 11 février de cette année-là, le directeur de l’établissement signale que le cimetière est complet, que les tombes les plus anciennes n’ont que cinq ans, et que ce temps est insuffisant « pour permettre à la terre d’achever convenablement son œuvre ». Avançant le fait que la Maison de Retraite est propriétaire de la moitié du cimetière communal, il propose de reprendre les inhumations dans ce dernier à partir du 1er mars, ce qui est adopté par l’Assemblée.

Ce partage de propriété du cimetière communal ne semble plus exister.

A l’heure actuelle, les inhumations dans cet ancien cimetière ne sont qu’exceptionnelles.

Situé à l’intersection du chemin des combes et du chemin du Tison, le cimetière de la MDR est un lieu émouvant de souvenir et de recueillement. Il est ouvert le jour de la Toussaint et lors des Journées Européennes du Patrimoine.

Ces éléments sont extraits de l’une des monographies publiées par le groupe histoire Albiniaca: « Les cimetières d’Albigny » par Robert Perradin (2003).